Les intermittents et la formation : les chiffres
Dans son dernier rapport d’activité en date, l’Afdas se réjouit — à juste titre — d’une hausse record de 14% de son investissement financier dans les actions de formation en 2017. Elle se félicite également d’un taux d’accès à la formation de 26,5% pour les salariés permanents.
Mais, en dépit de ces résultats hautement positifs, un constat s’avère plus inquiétant, celui du très faible nombre d’intermittents formés durant ce même exercice : 13.581, soit moins de 5% des 272.000 salariés intermittents recensés par Pôle Emploi pour la même année. Le calcul est donc simple : UN INTERMITTENT SUIT EN MOYENNE UNE FORMATION TOUS LES 20 ANS, quelle qu’en soit la durée, celle-ci pouvant varier d’une seule journée à plusieurs centaines d’heures. Or, lorsqu’on sait que certains intermittents optimisent avec raison le dispositif de Formation Professionnelle Continue et suivent parfois plusieurs formations dans la même année, on peut déduire de ces statistiques qu’une grande partie des salariés n’a jamais suivi de formation et n’en suivra jamais.
Cette situation est d’autant plus surprenante qu’une étude du CÉREQ commandée par la CPNEF-SV a montré que l’accroissement de compétences par le biais de la Formation Professionnelle Continue génère dans le cas des intermittents du spectacle vivant une augmentation considérable de leur taux d’activité et une nette élévation des salaires moyens, tout particulièrement pour les techniciens. Ce constat invalide ainsi la stratégie de nombre d’intermittents visant, au motif de précarité, à prioriser l’emploi plutôt que la formation. Le déficit de formation produit exactement l’inverse : le maintien de la précarité et des bas salaires, la perpétuelle course aux contrats (21 en moyenne par an et par technicien en 2017, selon les données de Pôle Emploi) et l’absence de perspective d’évolution dans le métier.
Cette situation est encore plus surprenante quand on sait que le coût de la Formation Professionnelle Continue est systématiquement prélevé sur les salaires — que l’on suive ou non une formation — et que la France possède un dispositif assez exceptionnel permettant l’accès à la formation dans des conditions où il n’y a le plus souvent aucun reste à charge pour le stagiaire.
Nombre d'intermittents en formation en 2017
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